校庆主持开场白就没有,但是又一个世界翻译大会吴建民校长的主发言演讲,你看看里面的文法可能对你有点帮助:Intervention de M. Wu Jianmin, l'un des principaux orateurs
au XVIIIe Congrès mondial de la FIT à Shanghai
(Partie prononcée en français)
Monsieur le Président, Mesdames et Messieurs les Délégués,
Je voudrais partager avec vous quelques réflexions sur le thème de ce congrès mondial. Ma première réflexion, c’est que la culture de l’Occident a été la culture dominante durant ces derniers siècles. Le monde doit beaucoup à la culture de l’Occident parce que, nous savons tous la contribution cruciale apportée par la Renaissance, l’âge des Lumières, la révolution industrielle, la révolution scientifique et technologique, les sciences et technologies modernes ainsi que la révolution de l’informatique, à la civilisation et au progrès de l’humanité. Cet état de choses amène certains Occidentaux à croire que ce qui est vrai pour eux doit nécessairement l’être pour les autres. Ce n’est pas toujours le cas.
Vous savez, quand les pays occidentaux montaient en puissance, c’était au détriment des autres. Nous connaissons tous l’agression, la colonisation, la traite des Noirs, la spoliation dont beaucoup de peuples ont souffert. Aujourd’hui, beaucoup de pays en voie de développement sont en train d’émerger. Parmi ces pays-là figure la Chine. On parle de la menace de la Chine, on croit que quand la Chine monte en puissance, ce sera aussi au détriment des autres. Ce n’est pas le cas. Comme Mme Tang Wensheng l’a dit, j’ai été l’ambassadeur de Chine en France pendant cinq ans. Quand j’étais en poste, M. Alain Peyrefitte était encore là, nous avions des contacts réguliers. J’avais beaucoup de respect, beaucoup d’admiration pour son érudition et sa vision. Vous savez, en 1970 après avoir visité la Chine, il écrivit un livre qui est devenu un best-seller. L'ouvrage s’intitule « Quand la Chine s’éveillera, le monde tremblera ». Si vous lisez l’une des premières éditions de ce livre, au verso, vous pourrez voir Zhou Enlai en pleine discussion avec Alain Peyrefitte. Derrière ces deux personnalités, il y avait un jeune homme, c’était moi.
Justement, lors de l'une de nos rencontres , nous avons parlé de ce livre. Je lui ai dit ceci: « M. Alain Peyrefitte, pour être franc avec vous, votre livre est excellent, mais je n’aime pas le titre. Vous avez cité Napoléon : Quand la Chine s’éveillera, le monde tremblera. Mais, dites-moi, à quel moment Napoléon a-t-il déclaré cela et dans quel contexte ? Des écrits font-ils état de cette déclaration de Napoléon ?» Il me répondit par la négative. Dans quelque écrit que ce soit de Napoléon, on n’a pas trouvé de trace de cette citation. En réalité, en 1817 quand l’ambassadeur britannique en Chine, M. Amherst sur la voie du retour vers l’Angleterre, fit escale à Sainte-Hélène, il demanda audience à l’empereur déchu, que Napoléon lui accorda. Napoléon était très curieux à propos de la Chine, il posa de nombreuses questions à l’ambassadeur Amherst. Au terme de cette conversation, Sa Majesté eut les mots suivants : « Quand la Chine s’éveillera, le monde tremblera ». Je posai alors cette question à Alain Peyrefitte : « La Chine a t-elle jamais fait trembler le monde ? » « Non, jamais ».
C’était un peu la mentalité de l’Occident. Même Sa Majesté ne fait pas exception. Il y a deux ans, j’ai visité la ville de Malacca, une très belle ville. C’est la première fois que je visitais cette ville, alors le guide local m’a dit ceci : « Le royaume malais fut fondé en 1401 et la flotte chinoise conduite par l’amiral Zheng He se rendit à Malacca en 1407. » Comme vous le savez, l’amiral Zheng He conduisit la flotte chinoise pendant sept expéditions outre-mer. Ils visitèrent une trentaine de pays. Vous savez, à l’époque, la flotte de l’amiral Zheng He était la flotte la plus puissante du monde. Cette flotte se composait alors de plus de soixante bateaux et vaisseaux. L’équipage de l’ensemble s’élevait à 27 000 marins, et le vaisseau princical de Zheng He accueillait 1 000 marins.
La Chine avait peut-être au XVe siècle la technologie la plus avancée du monde en matière de construction navale. Ces expéditions peuvent être comparées au voyage de Christophe Colomb. Lors de son voyage en Amérique, il découvrit le Nouveau Continent avec trois bateaux. Combien de marins ? De manière approximative, je dirais 87 marins.
Vous n’êtes pas sans savoir ce qui est arrivé au continent américain après cette découverte. Zheng He avec ses hommes est allé à Malacca. Qu’apportèrent-ils à Malacca ? Le riz, le coton, l’architecture chinoise. De ce fait lorsque vous voyagez en Malaisie, vous pouvez encore constater des traces. Les marins, les hommes de Zheng He aidèrent la population locale à creuser des puits. Croyez-moi, au XVe siècle, creuser un puits c’était de la haute technologie. Quand les hommes de Zheng He creusèrent un puits et que la population locale vit l’eau jaillir du puits, elle fut prise de panique.
Mais, plus tard, on a pris conscience que la qualité de l’eau de puits était meilleure que celle des rivières, des cours d’eau. Zheng He se rendit cinq fois à Malacca. Lors de ses voyages, il fit du commerce avec la population locale, suite à quoi les Chinois repartirent. Mais un siècle plus tard, 1511, lorsque les Portugais gagnèrent la péninsule de Malacca, ils bâtirent des fortifications, ils occupèrent le pays, ils colonisèrent le pays. Après les Portugais, les Néerlandais, les Hollandais s’y installèrent. Après les Néerlandais, les Anglais sont arrivés, ils firent de même, occupation et colonisation. Quand vous comparez les Chinois et les autres, vous voyez le contraste entre le comportement des Chinois et le comportement des Occidentaux. D’où vient cette différence ? A mon avis, le comportement de l’homme est déterminé par la mentalité. La mentalité d’un homme est façonnée par la culture. Quand on parle de la menace de la Chine, je réponds par la négative. La Chine n’emboîtera pas le pas aux puissances coloniales. Pourquoi ? Pour les deux raisons suivantes:
La première, c’est la culture. J’ai évoqué des faits historiques, j’ai expliqué, je pense que la paix est l’une des composantes importantes de la culture chinoise. Cette culture façonne la mentalité des Chinois, cette mentalité décide du comportement des Chinois. La deuxième raison, c’est la stratégie internationale que la Chine a mise au point après mûre réflexion.
Cette stratégie internationale comprend deux éléments cruciaux: Le premier, c’est que la Chine s’en tient à la voie du développement pacifique. Qu’est-ce que cela veut dire ? Cela veut dire, pas d’expansion, pas d’hégémonie, pas d’alliance. Car dans l'état actuel du monde, si la Chine commençait à faire alliance avec les uns et les autres, cela pourrait conduire à une nouvelle guerre froide, ce serait un désastre pour le monde entier. Le deuxième élément de la stratégie internationale de la Chine, c’est que nous mettons le principe des avantages réciproques, gagnant-gagnant, comme le disent les Anglais "win-win", au centre de notre stratégie internationale. Si vous regardez l’histoire de l’humanité, à quel moment une puissance montante, une puissance émergente a mis au point une stratégie qui a fait du gagnant-gagnant le centre de sa stratégie ? On ne voit pas, et cette stratégie de la Chine vient de la culture chinoise, vient aussi d’une analyse approfondie de la situation internationale d’aujourd’hui.
Nous pensons que c’est seulement lorsque nous mettons le gagnant-gagnant au centre de notre stratégie internationale que l’on peut développer d’une manière durable notre coopération avec le monde entier, car si on va dans le sens unique, si on fait des choses qui sont uniquement profitables aux Chinois et pas aux autres, ce ne sera pas durable.
Voilà les deux raisons qui me conduisent à affirmer que prétendre que la Chine est une menace, c’est dénué de tout fondement.